Les dangers de la lumière infrarouge.

La lumière infrarouge, néfaste pour la peau ?

L'utilisation de la lumière infrarouge pour prendre soin de la peau a le vent en poupe depuis quelque temps. Non-invasive et polyvalente, il est vrai qu'elle a de quoi séduire. Mais la lumière infrarouge cache-t-elle des dangers ? Explorons ensemble cette question.

La lumière infrarouge, en quelques mots.

La lumière infrarouge fait partie du spectre lumineux que nous ne percevons pas à l'œil nu. Elle peut être classée en trois catégories : l'infrarouge proche (longueur d'onde entre 700 et 1 400 nm), l'infrarouge moyen (longueur d'onde entre 1 400 et 3 000 nm) et l'infrarouge lointain (longueur d'onde supérieure à 3 000 nm). La lumière utilisée à des fins cosmétiques ou dermatologiques appartient principalement au domaine de l'infrarouge proche. Cette dernière est notamment appréciée pour sa capacité à réduire l’apparence des vergetures, à atténuer les cicatrices, à améliorer la souplesse et l'élasticité de la peau, à diminuer les imperfections, à resserrer les pores et à soulager les douleurs articulaires. Ces différents bienfaits de la lumière infrarouge expliquent que son utilisation se soit accrue ces dernières années, à la fois dans des instituts spécialisés mais aussi à domicile, avec l'émergence des masques LEDs.

À titre d'exemple, on peut citer une étude réalisée en 2006 par LEE et son équipe. Pendant six mois, 20 personnes présentant des rides légères à modérées ont reçu un traitement quotidien de 15 minutes de rayonnement infrarouge de 900 µm irradiant à 35 mW/cm2. Une amélioration de la texture de la peau et de l'éclat du teint a été notée pour près de 75% des participants. Par ailleurs, une étude in vitro menée parallèlement en utilisant des LED de 830 nm sur des fibroblastes humains a montré une augmentation marquée de la quantité de collagène et d'élastine.

Bien que la lumière rouge offre à la peau plusieurs bienfaits, elle est également associée à certaines préoccupations.

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Des effets indésirables de la lumière infrarouge ?

Malgré ses bienfaits reconnus, la lumière infrarouge n'est pas dépourvue de risques, notamment en cas d'exposition prolongée ou à forte intensité. Le principal problème posé par l'exposition aux infrarouges est l'élévation de température qui l'accompagne. En effet, il a été montré que la chaleur associée à la lumière infrarouge pouvait stimuler la dégradation du collagène par certaines métalloprotéinases matricielles, telles que les MMP-13, et augmenter la production de radicaux libres. Pour rappel, les radicaux libres sont des molécules instables qui réagissent avec les composants cellulaires, y compris l'ADN et les protéines de soutien du derme, pouvant alors altérer leur structure et leur fonction. Des chercheurs ont notamment montré que l'utilisation pendant 15 minutes d'une source de lumière infrarouge proche à 970 nm ayant une irradiance de 80 mW/cm2 provoquait une augmentation de la température jusqu'à 44°C au niveau de la jonction dermo-épidermique.

Évolution de la température avec une diode électroluminescente de 970 nm à 80 mW/cm2 en fonction du temps (minutes) au niveau de la jonction dermo-épidermique (DE) d'un volontaire.
Évolution de la température avec une diode électroluminescente de 970 nm à 80 mW/cm2 en fonction du temps (minutes) au niveau de la jonction dermo-épidermique (DE) d'un volontaire.
Source : HAMBLIN M. & al. Infrared and skin: Friend or foe. Journal of Photochemistry and Photobiology B: Biology (2016).

Paradoxalement, les effets indésirables de la lumière infrarouge semblent s’opposer à ses bienfaits : elle pourrait accélérer le vieillissement cutané en augmentant la production de radicaux libres et en favorisant la dégradation du collagène.

Que faut-il comprendre dans ce cas ? En réalité, tout dépend de l'irradiance et de la durée d'exposition. L'irradiance désigne la densité surfacique de flux énergétique arrivant à un point considéré d'une surface et s'exprime en W/cm2. Comme souvent en biologie, il existe une courbe en cloche, appelée "biphasic dose response", qui montre qu'une faible dose d'infrarouge engendre des réponses bénéfiques (régénération cellulaire, effet anti-inflammatoire), alors qu'une dose trop élevée devient nocive (inflammation, dégradation tissulaire). Ce phénomène, connu sous le nom d’effet hormétique, souligne l'importance de respecter les protocoles recommandés pour chaque dispositif.

Plusieurs études ont été effectuées pour tester l'innocuité de la lumière infrarouge telle qu'utilisée en dermatologie. On peut notamment citer les travaux de RIVKAH ISSEROFF et son équipe effectués en 2019. Deux essais cliniques randomisés et contrôlés (STARS 1 et STARS 2) ont été menés afin d'évaluer la sécurité d'une LED infrarouge à haute fluence (≥160 J/cm²). Les participants de l'essai STARS 1 avaient la peau claire tandis que ceux de STARS 2 avaient un phototype foncé. Les deux études ont consisté en l’administration de lumière rouge (633 nm) d'irradiation 872 mW/cm2 trois fois par semaine pendant trois semaines sur la face interne de l'avant-bras. Un protocole d'escalade a été utilisé, avec des irradiations de 30 minutes à 2 heures.

Aucune réaction n'a été observée jusqu'à une puissance de 320 J/cm2 (soit une exposition pendant 1h) pour les participants de STARS 2, et jusqu'à 480 J/cm2 (soit une exposition pendant 1h30) pour les volontaires de STARS 1. Les effets secondaires qui se sont alors manifestés consistaient en un érythème transitoire, des cloques et une légère hyperpigmentation. Il semble ainsi exister une sensibilité accrue à la lumière rouge chez les peaux plus foncées, justifiant des précautions et une adaptation des doses selon le phototype.

Les dispositifs médicaux et cosmétiques exploitent l'infrarouge de manière précise, avec des longueurs d'onde choisies (≈ 600-900 nm), des irradiances faibles (≈10-50 mW/cm²) et des durées d’exposition limitées (≈ 15-30 minutes par séance) afin de profiter de ses bienfaits en limitant les risques d'effets secondaires.

Lumière infrarouge : zoom sur les précautions d'emploi et les contre-indications.

Bien qu’elle soit globalement sûre lorsqu’elle est correctement utilisée, la lumière infrarouge nécessite de suivre scrupuleusement les recommandations d'utilisation fournies par les fabricants, en particulier en ce qui concerne la durée et la fréquence des séances. En effet, comme exposé précédemment, une exposition excessive pourrait provoquer des dommages tissulaires et mener à des rougeurs, des cloques ou une accélération du vieillissement de la peau. De plus, certaines contre-indications, explicitées dans le tableau ci-dessous, doivent aussi être prises en compte.

Contre-indicationsExplications
Femmes enceintesLa chaleur générée par l'infrarouge pourrait affecter le développement fœtal, même si les données restent limitées
Personnes atteintes de cancer de la peau ou ayant des antécédents de cancer de la peauLa stimulation cellulaire et l'augmentation locale de la température pourraient favoriser la progression tumorale
Personnes souffrant de troubles de la coagulationLa chaleur peut aggraver les microtraumatismes vasculaires et favoriser les saignements ou hématomes
Personnes présentant une maladie photosensibilisante, comme le lupusLe rayonnement lumineux, même infrarouge, pourrait exacerber les lésions cutanées inflammatoires
Prise de médicaments photosensibilisants, comme certains antibiotiques ou l'isotrétinoïneEn augmentant la sensibilité de la peau à la lumière, ces médicaments accroissent les risques d'effets secondaires de type érythème et brûlure
Personne ayant une dermatose inflammatoire en phase active, comme l'eczéma ou le psoriasisLa chaleur peut aggraver l'inflammation locale et la poussée
Les contre-indications liées à l'utilisation de lumière infrarouge.

En termes d’effets secondaires, les plus fréquents après une séance peuvent inclure une légère rougeur, une sensation de chaleur, voire de manière plus rare, une hyperpigmentation temporaire ou des cloques en cas de surdosage. À noter aussi que les yeux doivent impérativement être protégés par des lunettes spécifiques pendant l’exposition, car la lumière infrarouge, bien qu’invisible, peut endommager la rétine si elle est émise à forte puissance ou utilisée à courte distance.

L'essentiel à retenir.

  • Une exposition contrôlée à l'infrarouge (basse irradiance, durée limitée) est bénéfique pour la peau.

  • Une exposition excessive à l'infrarouge peut provoquer des rougeurs et une inflammation locale (effets secondaires immédiats) et favoriser la dégradation du collagène et la production de radicaux libres, accélérant ainsi le vieillissement cutané (effets secondaires à long terme).

  • Le respect des protocoles (durée, intensité) est essentiel pour limiter les effets secondaires liés à l'infrarouge.

Sources

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