Paradoxalement, les effets indésirables de la lumière infrarouge semblent s’opposer à ses bienfaits : elle pourrait accélérer le vieillissement cutané en augmentant la production de radicaux libres et en favorisant la dégradation du collagène.
Que faut-il comprendre dans ce cas ? En réalité, tout dépend de l'irradiance et de la durée d'exposition. L'irradiance désigne la densité surfacique de flux énergétique arrivant à un point considéré d'une surface et s'exprime en W/cm2. Comme souvent en biologie, il existe une courbe en cloche, appelée "biphasic dose response", qui montre qu'une faible dose d'infrarouge engendre des réponses bénéfiques (régénération cellulaire, effet anti-inflammatoire), alors qu'une dose trop élevée devient nocive (inflammation, dégradation tissulaire). Ce phénomène, connu sous le nom d’effet hormétique, souligne l'importance de respecter les protocoles recommandés pour chaque dispositif.
Plusieurs études ont été effectuées pour tester l'innocuité de la lumière infrarouge telle qu'utilisée en dermatologie. On peut notamment citer les travaux de RIVKAH ISSEROFF et son équipe effectués en 2019. Deux essais cliniques randomisés et contrôlés (STARS 1 et STARS 2) ont été menés afin d'évaluer la sécurité d'une LED infrarouge à haute fluence (≥160 J/cm²). Les participants de l'essai STARS 1 avaient la peau claire tandis que ceux de STARS 2 avaient un phototype foncé. Les deux études ont consisté en l’administration de lumière rouge (633 nm) d'irradiation 872 mW/cm2 trois fois par semaine pendant trois semaines sur la face interne de l'avant-bras. Un protocole d'escalade a été utilisé, avec des irradiations de 30 minutes à 2 heures.
Aucune réaction n'a été observée jusqu'à une puissance de 320 J/cm2 (soit une exposition pendant 1h) pour les participants de STARS 2, et jusqu'à 480 J/cm2 (soit une exposition pendant 1h30) pour les volontaires de STARS 1. Les effets secondaires qui se sont alors manifestés consistaient en un érythème transitoire, des cloques et une légère hyperpigmentation. Il semble ainsi exister une sensibilité accrue à la lumière rouge chez les peaux plus foncées, justifiant des précautions et une adaptation des doses selon le phototype.
Les dispositifs médicaux et cosmétiques exploitent l'infrarouge de manière précise, avec des longueurs d'onde choisies (≈ 600-900 nm), des irradiances faibles (≈10-50 mW/cm²) et des durées d’exposition limitées (≈ 15-30 minutes par séance) afin de profiter de ses bienfaits en limitant les risques d'effets secondaires.