Comment est fait l'hydrolat de bleuet ?

Appartenant à la famille des Astéracées, le bleuet (Centaurea cyanus L.) est une plante sauvage herbacée annuelle de 30 à 80 cm de hauteur. On dit du bleuet qu'il est messicole, parce qu'il est répandu dans les champs de céréales et au milieu des cultures de blé. Originaire d'Europe, le bleuet pousse spontanément sur les terres moyennement riches et légèrement acides (sols rocailleux), mais bien exposées au soleil. Or, considérée à tord comme une plante indésirable, elle se raréfie aujourd'hui car détruite par les désherbants utilisés de manière intensive. Il se caractérise par ses délicates fleurs d'un bleu saphir qui font leur apparition dès le mois de mai et jusqu'en juillet, après quoi la plante meurt.

Il existe plus de 450 espèces dans le genre Centaurea dont, à ne pas confondre :

• Le bleuet des champs (Centaurea cyanus L. ou Centaurea sativus) qui est une plante annuelle ;

• Le bleuet des montagnes (Centaurea montana) ou jacée des montagnes, qui est une plante vivace et robuste.

Le bleuet est notamment réputé pour son hydrolat (nom INCI : Centaurea Cyanus Flower Water), beaucoup employé dans les soins de la peau, notamment dans la composition des lotions pour les yeux, du fait de ses indications médicinales et cosmétiques avérées. Inscrit à la Pharmacopée française, les vertus du bleuet furent mentionnées pour la première fois au XIIème siècle par Sainte Hildegarde DE BINGEN. En effet, selon la "théorie des signatures", l'eau florale de bleuet serait un remède contre les problèmes oculaires (orgelet, conjonctivite, yeux irrités...) et symboliserait une vue "transparente comme un ciel sans nuage". C’est d’ailleurs de là que vient son nom de "casse-lunettes". Antioxydant, apaisant, décongestionnant, anti-inflammatoire... l'eau de bleuet apporte bien d'autres bienfaits pour la peau.

L'hydrolat aromatique de bleuet est le résultat d'une distillation basse pression (inférieure à 0,05 bar) et basse température (<100°C) à la vapeur d'eau des fleurs séchés récoltés en été. Cette opération implique de placer les matières premières végétales et l'eau purifiée dans l'alambic, avant d'être chauffées directement sur un foyer. La vapeur d'eau produite alimente la cuve qui contient la plante à distiller. Le courant de vapeur d'eau traverse alors les plantes, entraînant sous l'effet de la chaleur les composés aromatiques constitutives des huiles essentielles, mais aussi d'autres molécules hydrosolubles actives et de bas poids molécules qui se retrouvent diluées dans l'hydrolat. Chargée en différentes molécules actives contenues dans les fibres végétales, cette vapeur d'eau est ensuite ramenée à l'état liquide par réfrigération en passant à travers un serpentin plongé dans l'eau froide. Une fois condensé, le distillat est recueilli dans l'essencier où il décante et se sépare en deux fractions distinctes par différence de densité : l'huile essentielle, généralement plus légère, surnage au-dessus de l'eau distillée. Contrairement à d'autres plantes, le bleuet ne contient pas d'huile essentielle.

La durée de distillation est adaptée à chaque plante. Les rendements peuvent aussi être variables selon la plante. Par exemple, pour obtenir un litre d'eau florale de bleuet, on utilise environ 0,2 kg de fleurs sèches.

Longtemps considéré à tort comme un résidu de la distillation, l'hydrolat de bleuet est ensuite microfiltré avant son conditionnement dans des flacons teintés et opaques, le protégeant de la lumière et de l'oxygène.

L'hydrolat de bleuet utilisé dans nos soins est obtenu en distillant les sommités fleuris cueillis en France dans des cultures de type agriculture biologique. Très fragile en raison de sa faible teneur en huile essentielle, l'eau florale de bleuet est ensuite préservée des contaminations bactériennes avec du Géogard 221, un mélange composé d'acide déshydroactétique (nom INCI : Dehydroacetic Acid) et d'alcool benzylique (nom INCI : Benzyl Alcohol).