Parmi les dégradeurs de phospholipides, la fentomycine (Fento-1) a été développée avec une propriété fluorescente, permettant aux chercheurs de suivre sa localisation dans les cellules par microscopie de fluorescence. La fluorescence est une technique souvent utilisée en biologie pour vérifier que les molécules atteignent leur cible. Les expériences ont été réalisées sur des lignées cellulaires humaines de cancers du sein métastatiques. Après incubation avec Fento-1, les cellules ont été fixées puis marquées à l’aide d’un colorant spécifique des lysosomes, le LysoTracker, pour permettre la colocalisation des signaux. Les images obtenues ont montré une superposition quasi complète entre le signal de Fento-1 et celui des lysosomes, confirmant une accumulation préférentielle de la molécule dans ces organites.
Les premiers tests réalisés avec la molécule Fento-1 ont été menés à la fois in vitro sur des cellules humaines et in vivo dans des modèles murins de cancer. In vitro, Fento-1 a montré une activité cytotoxique sélective sur des cellules tumorales humaines, en particulier sur des biopsies de cancers du pancréas et de sarcomes issus de patients. Plus précisément, les cellules tumorales ont été exposées à Fento-1 à différentes concentrations (1 µM à 20 µM) pendant 24 heures et un contrôle négatif sans Fento-1 a été réalisé. Après 16h d'incubation, la viabilité cellulaire n'était plus que de 20%, et, après 24h, elle était proche de 0%. L'expérience a aussi été faite avec des cellules saines, qui n'ont pas été attaquées par Fento-1. L’équipe a observé une destruction lysosomale sélective et progressive, menant à la mort des cellules tumorales. Ces effets sont liés à l’induction d’une peroxydation lipidique intense et à l’accumulation de fer intracellulaire et sont cohérents avec un mécanisme de ferroptose lysosomale.
Dans un modèle murin de cancer du sein métastatique, l’administration intralymphatique de 0,003 mg de Fento-1 un jour sur deux a permis de ralentir significativement la croissance tumorale. Après dix jours, le volume tumoral était d'environ 0,2 cm3 chez les souris traitées, contre 0,7 cm3 chez les autres, soit près de 70% plus faible. Néanmoins, les souris ayant été euthanasiées peu de temps après, il est difficile de tirer des conclusions sur le long terme, notamment en ce qui concerne la potentielle récidive de la tumeur.
Les auteurs soulignent que ces résultats, bien que prometteurs, restent limités au stade préclinique. Aucune donnée de toxicité ou de pharmacocinétique chez l’Homme n’est encore disponible et des essais cliniques seront nécessaires pour évaluer l’efficacité réelle et la tolérance de ces dégradeurs de phospholipides.