Les anti-transpirants et plus particulièrement les sels d'aluminium qu'ils peuvent contenir sont suspectés depuis une dizaine d'années de provoquer l'apparition de cancers du sein. Qu'en est-il vraiment ? Faut-il se méfier de ces soins contre la transpiration ? Décryptage.
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- Est-ce-qu'un anti-transpirant est cancérigène ?
Est-ce-qu'un anti-transpirant est cancérigène ?
- Comment agissent les sels d'aluminium ?
- Sels d'aluminium et cancer du sein, un lien avéré ?
- Quelles sont les recommandations actuelles ?
- Comment savoir si un déodorant contient de l’aluminium ?
- La pierre d’alun représente-t-elle une bonne alternative ?
- Sources
Comment agissent les sels d'aluminium ?
Appliqués sur la peau, les sels d'aluminium précipitent et s'associent aux peaux mortes, formant des bouchons qui obstruent les glandes sudoripares et bloquent ainsi la transpiration. De plus, les sels d'aluminium sont des bactéricides. Ils éliminent ainsi les bactéries présentes en masse au niveau des aisselles, à l'origine des mauvaises odeurs.
Selon le règlement cosmétique européen, la concentration des sels d’aluminium dans les déodorants ne doit pas dépasser 20%, ce qui correspond à une teneur de 5% d’aluminium environ.
Sels d'aluminium et cancer du sein, un lien avéré ?
Au début des années 2 000, une hausse continue des cancers du sein chez des sujets de plus en plus jeunes interpelle les chercheurs et les autorités. La majorité des tumeurs sont localisées proches du creux de l’aisselle, région qui se trouve à proximité des ganglions lymphatiques et des glandes mammaires, principalement exposés aux déodorants.
Certains scientifiques suspectent ainsi les sels d'aluminium présents dans certains déodorants d'être absorbés par la peau et d’entraîner des changements au niveau des récepteurs d’œstrogènes situés dans les cellules mammaires.
Ainsi, ces dix dernières années, en Suisse, plusieurs études ont été mené par le professeur et oncologue André-Pascal Sappino ainsi que le docteur Stefano Mandriota. Ces derniers ont exposé des cellules mammaires de souris aux sels d’aluminium (plus précisément AlCl3). Les conclusions sont sans appels : les sels d'aluminium favorisent le développement rapide de tumeurs parfois agressives, formant des métastases. Néanmoins, une question subsiste : peut-on transposer aux hommes des résultats obtenus sur des sujets animaux ?
Par ailleurs, peu de temps après, en juin 2017, une étude autrichienne a démontré que des femmes utilisant un déodorant aux sels d’aluminium plusieurs fois par jour sur des aisselles rasées avant l’âge de 30 ans présentaient un risque de cancer du sein doublé.
Malgré cela, un rapport de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) publié en 2019 énonce la conclusion suivante : "les données existantes ne permettent pas d’établir un faisceau d’arguments en faveur d’un lien de causalité entre aluminium et cancer du sein", mais elles "ne permettent pas de l’exclure définitivement".
Par ailleurs, le CSSC (Comité Scientifique Européen pour la Sécurité des Consommateurs) a rendu un rapport en 2019 attestant de la très faible absorption cutanée (de l’ordre de 0,00052%) des sels d'aluminium, y compris sur peau rasée ou épilée. Selon ce document, l’aluminium présent dans les anti-transpirants reste à l’extérieur du corps empêchant tout effet toxique. Le CSSC considère donc que l'exposition à l'aluminium via les applications quotidiennes de cosmétiques en contenant n'augmente pas la charge corporelle d'aluminium provenant d'autres sources. La concentration en aluminium "absorbée" par la peau serait bien trop faible pour jouer un rôle dans le développement de cancers du sein.
En conclusion, il est difficile de se faire un avis sur le caractère nocif des sels d'aluminium dans les anti-transpirants. Par principe de précaution, chez Typology, nous excluons ces composés de nos formules.
Quelles sont les recommandations actuelles ?
En mars 2020, le CSSC a instauré plusieurs recommandations en matière de dosage :
6,25% dans les anti-transpirants sans spray ;
10,60% dans les sprays ;
2,65% dans les dentifrices ;
0,77% dans les rouges à lèvres.
A noter, l'ANSM recommande une concentration beaucoup plus faible : elle conseille de ne pas dépasser une teneur de 0,6 % de sels d'aluminium dans les produits cosmétiques.
Néanmoins, il est important de préciser que cela reste des indications : elles ne donnent pas lieu à une modification de la réglementation.
Comment savoir si un déodorant contient de l’aluminium ?
Pour détecter la présence d’aluminium dans un déodorant, il faut prêter une attention particulière à la liste des ingrédients affichés sur l’emballage ou le récipient (liste I.N.C.I.). En effet, la règlementation des soins de beauté exige cette transparence de la part des marques. Les ingrédients doivent être mentionnés dans l’ordre décroissant suivant leur quantité. Les sels d'aluminium et leurs dérivés sont repérables sur les listes I.N.C.I. sous les dénominations suivantes :
Aluminium Chloryde ;
Aluminium Chlorydrex ;
Aluminium Zirconium.
Néanmoins, tous les déodorants ne renferment pas d’aluminium. De nombreux consommateurs se tournent désormais vers des formules « sans aluminium », enrichis par exemple en bicarbonate de soude ou encore en argiles comme la poudre de diatomée.
La pierre d’alun représente-t-elle une bonne alternative ?
Face à la mauvaise publicité qui collent aux sels d’aluminium, la pierre d’alun s’est faite une place dans la salle bain. Mais elle n'est pas aussi naturelle que son nom laisse présager. Il peut même s'agir parfois d'une pierre 100% synthétique, fabriquée à partir d’Ammonium Alum ou de Sulfate d’Ammonium de synthèse, sous-produit de l’industrie chimique du nylon. Dans tous les cas, naturelle ou synthétique, la pierre d'alun renferme des sels d’aluminium.
La solution réside donc dans l’utilisation de déodorants aux formules propres, réalisées à partir d’ingrédients naturels, respectueux de l’environnement et de la santé. Il est aujourd'hui possible de retrouver des déodorants aux compositions saines, proposés sous forme de spray, de roll-on, de stick ou qui s’appliquent directement au doigt.
Sources :
SAPPINO A-P. & al. Aluminium chloride promotes tumorigenesis and metastasis in normal murine mammary gland epithelial cells. International Journal of Cancer (2016).
KREWSKI D. & al. Systematic review of potential health risks posed by pharmaceutical, occupational and consumer exposures to metallic and nanoscale aluminum, aluminum oxides, aluminum hydroxide and its soluble salts. Critical Reviews in Toxicology (2014)
Scientific Committee on Consumer Safety : SCCS/1613/19 (2019).
Evaluation du risque lié à l’utilisation de l’aluminium dans les produits cosmétiques - Point d’information - ANSM : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
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