Alors que le poisson cru, la charcuterie, le fromage à pâte molle, le vin et bien d'autres aliments et boissons sont déjà à proscrire pendant la grossesse, la liste des interdits ne s'arrêtent pas à l'alimentation. En effet, cela peut aussi inclure les produits quotidiens de votre routine de soin. Bien que la peau constitue une première ligne de défense contre la plupart des substances chimiques que nous rencontrons au quotidien, les produits de soin de la peau sont conçus pour pénétrer les couches cutanées et peuvent donc éventuellement pénétrer dans la circulation sanguine et, de là, atteindre le fœtus en développement ou le lait maternel. Lisez la suite de l'article afin d'obtenir une liste des ingrédients actifs qu'ils seraient prudents d'écarter pendant la grossesse et l'allaitement, et ainsi réduire votre exposition et les risques potentiels.

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- Quels sont les actifs cosmétiques déconseillés aux femmes enceintes et allaitantes ?
Quels sont les actifs cosmétiques déconseillés aux femmes enceintes et allaitantes ?
- Ingrédient n°1 : éviter les rétinoïdes pendant la grossesse et l'allaitement
- Ingrédient n°2 : les huiles essentielles contre-indiquées chez les femmes enceintes et allaitantes
- Ingrédient n°3 : l'acide salicylique à utiliser avec prudence par les femmes enceintes et allaitantes
- Ingrédient n°4 : la diéthanolamine
- Ingrédient n°5 : la dihydroxyacétone en spray déconseillée pendant la grossesse et l'allaitement
- Ingrédient n°6 : la formaldéhyde
- Ingrédient n°7 : l'hydroquinone
- Ingrédient n°8 : les parabènes
- Ingrédient n°9 : les phtalates
- Ingrédient n°10 : le toluène
- Ingrédient n°11 : le triclosan
- Femmes enceintes et allaitantes : qu'en est-il des filtres solaires ?
- Les produits Typology à éviter pendant la grossesse
- Sources
Ingrédient n°1 : éviter les rétinoïdes pendant la grossesse et l'allaitement.
Les rétinoïdes sont des formes synthétiques de la vitamine A. Ils sont utilisés en cosmétique de par leur triple efficacité sur les ridules, l'acné et les taches brunes, notamment en aidant les cellules mortes à s’exfolier plus rapidement et en stimulant la production de collagène. Les rétinoïdes sont disponibles dans les produits en vente libre (rétinol, rétinaldéhyde, rétinal, palmitate de rétinyl) et sur ordonnance (adapalène, trétinoïne, tazarotène, isotrétinoïne, acide rétinoïque). Or, les rétinoïdes oraux, comme l'isotrétinoïne, et les molécules topiques de première génération, comme la trétinoïne et le tazarotène, ont été considérés comme préoccupants pendant la grossesse et l'allaitement. Ils peuvent entraîner de multiples effets sur l'embryon et le fœtus en développement, notamment une fausse couche, un accouchement prématuré et diverses malformations congénitales.
Qualifiés de puissants tératogènes, les nourrissons pourraient être atteints du syndrome du rétinol fœtal au-delà du 15ème jour suivant la conception, qui entraînent un ensemble de malformations congénitales mentales et physiques. Les manifestations peuvent inclure un retard de développement neurologique, des anomalies de la région craniofaciale, du système nerveux central, du système cardiovasculaire, du système rénal, de la fonction du thymus, des glandes parathyroïdes, des malformations squelettiques et/ou d'autres signes physiques. Cependant, l'étendue et la gravité des anomalies associées sont variables et dépendent du moment de l'exposition pendant la grossesse.
Par contre, il n'existe pas encore d'études sur les risques des versions topiques du rétinol, un type de rétinoïde largement utilisé dans les produits en vente libre. Bien que l'absorption systémique du rétinol reste minime et que le produit est rapidement métabolisé, il est préférable de faire preuve de prudence et de les écarter de sa routine de soin.
20 à 35%
des nourrissons peuvent présenter des malformations congénitales après exposition in utero à l'isotrétinoïne..
Ingrédient n°2 : les huiles essentielles contre-indiquées chez les femmes enceintes et allaitantes.
Une huile essentielle (HE) est un extrait liquide et aromatique obtenu généralement par distillation à la vapeur d'eau à partir d'une plante et qui en concentre ses actifs. Dues à leur fonction cétone, certaines huiles essentielles sont dites neurotoxiques. Elles peuvent entraîner des convulsions, des spasmes et des nausées. De plus, certaines HE auraient des propriétés mutagènes et tératogènes, c'est-à-dire qu'elles sont susceptibles de provoquer des mutations dans l'ADN. Toutefois, les études à ce sujet ne sont pas assez nombreuses.
Ainsi, certains produits à base d'huiles essentielles peuvent être contre-indiqués chez la femme enceinte en fonction de la concentration des HE dans les produits et en fonction de la nature des produits (rinçable ou non). Par exemple, si le produit ne contient pas une concentration importante d'HE et/ou qu'il est rinçable, il ne sera pas forcément contre-indiqué.
Ainsi, l'usage des HE n'est pas anodin (effets neurotoxiques, mutagènes...). C'est pourquoi il existe des précautions d'emplois à respecter afin de sécuriser leur utilisation. Chez la femme enceinte et allaitante, certains produits à base d'HE sont à bannir afin de ne pas prendre de risques.
Ingrédient n°3 : l'acide salicylique à utiliser avec prudence par les femmes enceintes et allaitantes.
L'acide salicylique est un BHA couramment utilisé pour traiter l’acné. Par contre, une étude de 2013 a conclu que les produits contenant de fortes doses d’acide salicylique (> 2%), comme les peelings chimiques dermatologiques ou les médicaments oraux, peuvent être nocifs pendant la grossesse. De plus, des recherches ont montré que l’acide salicylique était associé à des malformations embryonnaires lorsqu’il était ingéré. Cela dit, les produits topiques à faible dose d'acide salicylique, entre 0,5 et 2%, et s'ils sont appliqués de façon localisée, ont été jugés sans danger pour la santé.
Ingrédient n°4 : la diéthanolamine.
La diéthanolamine (DEA) est couramment présente dans les produits pour les cheveux et le corps, en particulier les shampooings, les défrisants et les après-shampooings sans rinçage. Vous la trouverez dans une liste d'ingrédients sous l'une des formes suivantes :
Diéthanolamine
Oléamide DEA
Lauramide DEA
Cocamide DEA
Des recherches ont montré que le DEA peut avoir un impact sur la santé reproductive. Plus précisément, une étude réalisée sur des donneurs de sperme a révélé que le DEA altère la structure et la fonction du sperme humain. De plus, des études animales plus anciennes ont établi un lien entre l’exposition maternelle au DEA et une altération de la fonction de mémoire chez la progéniture.
Ingrédient n°5 : la dihydroxyacétone en spray déconseillée pendant la grossesse et l'allaitement.
L'ingrédient actif des autobronzants est la dihydroxyacétone (DHA). Même si seul un faible pourcentage (environ 0,5 %) est absorbé par la peau, les chercheurs affirment que l'inhalation d'autobronzants en spray représente le risque d'exposition le plus important pendant la grossesse. Étant donné que l’inhalation entraîne des concentrations sanguines plus élevées, il est préférable d’éviter ces produits pendant la grossesse.
Ingrédient n°6 : la formaldéhyde
Le formaldéhyde est un composé organique volatil présent dans certains produits de lissage des cheveux, vernis à ongles et colles à cils, en tant que conservateurs. Vous le trouverez aussi répertorié sous les termes suivants : "Formol", "Aldéhyde formique", "Méthanediol", "Méthanal", "Aldéhyde de méthyle", "Méthylène glycol" et "Oxyde de méthylène".
Outre le formaldéhyde, l'2-bromo-2-nitropropane-1,3-diol (bromopol), le glyoxal, le diazolidinyl urée, le DMDM hydantoïne, l'imidazolidinylurée, le polyoxyméthylène urée, le quaternium-15 et l'hydroxyméthylglycinate de sodium sont des agents libérateurs (donneurs) de formaldéhydes, soit des composés chimiques qui libèrent lentement du formaldéhyde en raison de leur décomposition due aux conditions d'utilisation.
Selon le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), l’exposition au formaldéhyde augmente le risque de fausse couche.
Ingrédient n°7 : l'hydroquinone.
L'hydroquinone est un agent éclaircissant présent dans les cosmétiques pour réduire l'hyperpigmentation. Or, les études ont révélé qu'environ 35 à 45% d'hydroquinone est absorbé dans la circulation sanguine lorsqu'il est appliqué localement. Même si aucun risque chez les femmes enceintes et allaitantes n'a été relevé, il est préférable de limiter l'exposition pendant la grossesse et l'allaitement en attendant que les recherches se précisent à son sujet.
Bien qu'il ait été interdit en Europe en raison de problèmes de toxicité, il peut encore être commercialisé sur d'autres marchés.
Ingrédient n°8 : les parabènes
Les parabènes des anti-microbiens utilisés comme conservateurs pour empêcher la prolifération des bactéries et des moisissures dans les cosmétiques. Sur les étiquettes des produits, les trouverez dans la liste des ingrédients sous l'une des formes suivantes : butyl, éthyl, isobutyl, isopropyl, méthyl et propyl. Or, d'après certaines études, les parabènes seraient des perturbateurs endocriniens connus. De plus, les chercheurs ont découvert que l’exposition peut endommager l'ADN des spermatozoïdes et augmenter le poids à la naissance.
Ingrédient n°9 : les phtalates
Notamment présents dans les cosmétiques contenant des parfums synthétiques, les phtalates sont un groupe de substances chimiques utilisés pour dénaturer l’alcool des parfums et améliorer leur tenue. On en trouve aussi dans les vernis à ongles pour réduire les risques de fissures en rendant les ongles moins cassants. Vous les trouverez dans la liste des ingrédients comme suit : "Diethyle Phtalate" (DEP), "Diisobutyl Phtalate" (DiBP), "Dimethyl Phtalate" (DMP), "Di-n-butyl Phtalate" (DBP), Di-n-octyl Phtalate" (DOP), "Benzyl & Butyl" (BzBP) et "Bi(2-Ethylhexyle)" (DEHP).
Depuis 2003, les phtalates jugés les plus nocifs (DEHP, DBP, BBP...) ont été interdits dans les cosmétiques par l’Union Européenne. Seul le DEP, estimé sans risque, est autorisé.
Or, il est accusé d'altérer le développement du fœtus en pleine croissance. En plus, des recherches ont montré que la prévention de l’exposition peut réduire le risque d’accouchement prématuré. Cela dit, le niveau de phtalates dans le vernis à ongles est très faible et ne risque pas de causer de dommages au fœtus.
Outre les produits de soin, les phtalates se trouvent également en grande quantité dans la composition des plastiques (rideaux de douche, etc.).
Ingrédient n°10 : le toluène.
Hydrotrope, le toluène (méthyl benzène) est un solvant aromatique utilisé dans la fabrication d'une variété de produits de soin pour les ongles (vernis à ongles, durcisseurs d'ongles et dissolvants), notamment pour suspendre la couleur pour former un fini lisse sur l'ongle, faciliter l'application et faire sécher relativement rapidement, ainsi que des teintures capillaires.
Or, selon le NIOSH, les solvants dont le toluène augmentent le risque de fausse couche, de mortinatalité, de naissance prématurée, de bébés de faible poids à la naissance et de malformations congénitales. Par contre, outre à travers les soins pour les ongles, les personnes les plus exposées au risque d’exposition sont celles qui travaillent avec des solvants, comme les nettoyeurs à sec, les artistes, les cosmétologues et les imprimeurs.
L'exposition d'une mère aux vapeurs de toluène pendant la grossesse peut entraîner des dommages au développement du fœtus. L'exposition à de fortes concentrations de toluène par inhalation pendant la grossesse peut être toxique pour le développement du fœtus. Dans une étude, il a été montré que le toluène entraînerait un risque de fausse couche tardive pour des niveaux d'exposition inférieurs à 100 ppm en cas d'exposition précoce au cours de la grossesse. De plus, il pourrait aussi passer dans le lait maternel.
Cependant, en cas d'exposition chronique maternelle, il peut être constaté un retard de croissance intra-utérine. Un syndrome ressemblant à celui décrit dans le cas de l'alcoolisme fœtal avec présence de malformations (oreilles, cœur, face, reins et membres) plus ou moins marquées, un retard de croissance et des troubles neuro-comportementaux (déficit de l'attention, hyperactivité, acquisition retardée de la parole) est également observé, chez des enfants de mères toxicomanes.
Toutefois, les effets indésirables signalés ne se produisaient qu'à des niveaux plusieurs fois supérieurs qu'à la normale.
Ingrédient n°11 : le triclosan.
Depuis le début des années 1990, le triclosan, un antifongique et antibactérien à large spectre, est largement utilisé dans les cosmétiques. Dentifrices, savons, lotions... il peut être désigné de l'une des manières suivantes sur une étiquette :
Éther 2,4,4′-trichloro-2′-hydroxydiphénylique
5-Chloro-(2,4-dichlorophénoxy)phénol
Éther trichloro-2′-hydroxydiphénylique
CH-3565
Lexol 300
Irgasan (DP 300)
Ster-Zac
Aux États-Unis, la FDA a interdit son utilisation dans les produits de toilette en vente libre en 2016. Cependant, on le trouve encore dans d'autres produits comme certaines lotions et dentifrices.
En plus d'être accusé d'être un perturbateur endocrinien, il a été associé, selon des chercheurs, à des effets indésirables à la naissance, notamment au niveau du périmètre crânien, du poids à la naissance et de la taille.
Bien que ces ingrédients ne présentent aucun risque connu, cela ne signifie pas qu'ils sont parfaitement sûrs. Il est donc préférable de consulter un professionnel de la santé avant de les utiliser.
Femmes enceintes et allaitantes : qu'en est-il des filtres solaires ?
Il est important de protéger votre peau des rayons nocifs du soleil, que vous soyez enceinte ou non. Mais, en général, vous devriez vous en tenir aux écrans solaires minéraux et éviter les écrans solaires chimiques pendant la grossesse. En effet, l'exposition maternelle aux écrans solaires chimiques, en particulier à l'oxybenzone, a été associée à la maladie de Hirschsprung chez les bébés, une affection qui affecte le côlon et provoque des difficultés à évacuer les selles.
Les crèmes solaires minérales, quant à elles, contiennent du dioxyde de titane ou de l'oxyde de zinc. Contrairement aux crèmes solaires chimiques, qui absorbent les rayons ultraviolets (UV), les crèmes solaires minérales agissent en créant une barrière qui réfléchit les rayons UV.
Les produits Typology à éviter pendant la grossesse.
Voici les produits Typology à éviter pendant la grossesse.
Types de produits | Produits |
---|---|
Crèmes hydratantes corps | Crème corps raffermissante |
Crèmes hydratantes visage | Crème de nuit exfoliante ; Crème visage purifiante ; Crème visage raffermissante |
Déodorants | Déodorant naturel bergamote et mandarine verte ; Déodorant naturel rose et vanille |
Gommages visage & corps | Gommage visage éclat ; Gommage visage lissant ; Gommage visage purifiant ; Gommage corps nourrissant ; Gommage corps tonifiant |
Masques visage | Masque peeling |
Savons solides | Soin lavant hydratant ; Soin lavant rééquilibrant |
Sérums corps | Sérum raffermissant corps |
Sérums visage | Sérum antioxydant ; Sérum imperfections local ; Sérum rides & ridules ; Sérum rides & imperfections |
Sérums nuit | Assemblage botanique éclat ; Assemblage botanique hydratant ; Assemblage botanique purifiant ; Assemblage botanique teint hâlé ; Assemblage botanique tenseur |
Shampooings | Shampooing purifiant ; Shampooing densifiant |
Toniques | Lotion tonique raffermissante |
L'essentiel à retenir sur les ingrédients cosmétiques à éviter durant la grossesse et l'allaitement.
De façon générale, la plupart des produits de soins de la peau en vente libre sont sans danger pour les femmes enceintes ou qui allaitent.
Par principe de précaution, les femmes enceintes et allaitantes doivent éviter d'utiliser les soins contenant les ingrédients suivants : acide salicylique, diéthanolamine, dihydroxyacétone, formaldéhyde, hydroquinone, parabènes, phtalates, rétinoïdes, toluène, triclosan, huiles essentielles et écrans solaires contenant de l'oxybenzone.
Ces substances actives peuvent provoquer des malformations congénitales et des problèmes liés au travail, comme un accouchement prématuré.
Sources
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BRAUN J. M. & al. Urinary triclosan concentrations during pregnancy and birth outcomes. Environmental Research (2017).
DOWNS C. A. & al. Can oxybenzone cause Hirschsprung’s disease? Reproductive Toxicology (2019).
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Organization of Teratology Information Specialists (OTIS). Self-tanners, tanning pills, tanning booths (2023).
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