Pourquoi vaut-il mieux choisir un dissolvant sans acétone ?

Les dissolvants contiennent souvent de l'acétone, un solvant organique capable de décomposer rapidement les pigments retrouvés dans les vernis à ongles. Son efficacité est néanmoins à double tranchant : en plus d'éliminer le vernis à ongles, il a la capacité de dissoudre les lipides protecteurs de la peau et des ongles. Ce phénomène est dû à l'affinité de l’acétone pour les molécules lipophiles, c’est-à-dire celles qui retiennent les graisses. Ainsi, lorsqu'un dissolvant à base d'acétone est appliqué sur les ongles, il attire et retire les pigments organiques des vernis à ongles mais aussi les lipides cutanés naturels, fragilisant de fait les ongles. Ces derniers sont alors plus susceptibles de se fissurer et de se casser. Une autre conséquence de l'utilisation régulière de dissolvants à base d’acétone est l’effet de cette molécule sur l’équilibre hydrique de la peau et des ongles. L’acétone étant un solvant hautement volatil, elle entraîne une perte d’humidité rapide qui contribue à altérer les ongles.

Une étude s'est intéressée aux effets de dissolvants contenant différentes concentrations d'acétone sur les propriétés hydriques et mécaniques des ongles. En l'absence d'acétone, du carbonate de propylène, un solvant également capable de retirer le vernis, a été utilisé. Différentes mesures avant et après application des dissolvants ont été effectuées. Les résultats, rassemblés dans le tableau ci-dessous, montrent une corrélation entre une forte concentration d'acétone et une altération des ongles.

L'acétone a en effet tendance à fragiliser les ongles.

Le dissolvant sans acétone n'a quant à lui pas impacté l'hydratation des ongles, ni leur rugosité. Il a en revanche été légèrement moins efficace pour éliminer le vernis, comme le montrent les photos ci-après. Celles-ci ont été prises avec trois participantes 5, 10, 15 et 20 minutes après l'utilisation du dissolvant. Toutefois, même si cela a été plus long car les ongles n'ont pas été frottés, le dissolvant sans acétone a tout de même permis d'éliminer complètement le vernis à ongles.

L'impact de l'acétone sur la santé suscite aussi des interrogations. S'il n'existe pas de preuves scientifiques de son absorption par l'organisme en application topique, les risques posés par son inhalation sont plus préoccupants. En effet, à forte concentration, l'acétone peut entraîner des maux de tête, des vertiges et des irritations des muqueuses respiratoires. Chez les personnes asthmatiques, elle peut exacerber les symptômes. Cela étant, lorsque l'acétone est utilisée aux doses courantes d'un usage domestique, les autorités sanitaires ne la considèrent pas comme dangereuse pour la santé.

La question se pose davantage pour les professionnels de l'esthétique, qui travaillent tous les jours avec de l'acétone dans des locaux fermés et pas toujours suffisamment aérés. À long terme, certains rapportent des migraines récurrentes ou des irritations chroniques de la peau. C'est pourquoi il est recommandé aux propriétaires de salons esthétiques de bien ventiler leur établissement, pour éviter que les personnes qui y travaillent ne souffrent de l'exposition prolongée à l'acétone. Il existe bien sûr des alternatives pour remplacer l'acétone dans les dissolvants, comme l’éthylacétate et l’acétate de butyle, mais ces solvants de remplacement sont également volatils et peuvent aussi irriter la peau et les voies respiratoires.

L’acétone est un solvant volatil qui se dégrade rapidement dans l’air et l’eau, ce qui limite son accumulation dans l’environnement. Elle n’est pas considérée comme un polluant persistant, mais cela ne signifie pas qu’elle est sans impact. Lorsqu’elle est rejetée en grande quantité, notamment par l’industrie chimique, elle peut contaminer les eaux et affecter les écosystèmes aquatiques. Des concentrations élevées d'acétone dans l'eau peuvent altérer le métabolisme et le comportement des poissons en perturbant leur système nerveux. Par ailleurs, la haute volatilité de l'acétone contribue à la formation d'ozone troposphérique, un polluant atmosphérique nocif classé dans la catégorie des gaz à effet de serre.

Néanmoins, les dissolvants sans acétone ne sont pas forcément plus écologiques. Certains contiennent des solvants alternatifs, comme l’acétate d’éthyle ou l’acétate de butyle, qui, bien que biodégradables, présentent une toxicité élevée pour la faune aquatique. Ces solvants peuvent altérer la physiologie des poissons et d'autres espèces marines en affectant la respiration et leur système nerveux.

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