Mewing : cette nouvelle technique pour sculpter sa mâchoire et réduire le double menton.

Le mewing est une technique de gymnastique faciale qui consiste à positionner la langue dans la bouche de manière spécifique, dans le but de redessiner la mâchoire. Plus précisément, il s’agit de plaquer la langue contre le palais, bouche fermée, tout en adoptant une posture mandibulaire bien définie. Selon les adeptes du mewing, cette pratique régulière pourrait à terme modifier subtilement l’apparence du visage, affiner les contours de la mâchoire et même réduire l’apparence du double menton. À l’origine, le mewing n’était pas une tendance esthétique, mais un exercice thérapeutique proposé par l’orthodontiste britannique John MEW. Il le recommandait pour prévenir les troubles de l’alignement de la mâchoire, éviter son affaissement et renforcer les fonctions de mastication et de déglutition.

Le terme "mewing" ne fait donc pas référence à un miaulement ("mew" en anglais), mais bien au nom de famille de son créateur.

C’est son fils, le Dr. Mike MEW, également orthodontiste, qui a contribué à faire connaître cette méthode au grand public. En 2018, il a publié une vidéo sur sa chaîne YouTube Orthotropics, dans laquelle il explique en détail la technique. Très vite, le mewing est devenu viral sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, où de nombreux utilisateurs postent des photos avant/après pour mettre en avant les prétendus bienfaits de la méthode, principalement centrés sur l’esthétique du bas du visage.

Le mewing repose sur un principe simple en apparence, mais qui demande de la rigueur et de la constance : il s'agit d'apprendre à positionner sa langue dans sa bouche et à maintenir cette posture dans la durée. Cette technique se décline en deux étapes :

• La première étape consiste à fermer la bouche, à placer l’ensemble de la langue, y compris la partie postérieure, contre le palais, tout en veillant à ne pas appuyer contre les dents de devant. Ce détail est essentiel : une pression mal placée peut, à long terme, influencer l’alignement dentaire. L’objectif est de répartir la pression de manière uniforme sur la voûte palatine. La respiration doit se faire exclusivement par le nez, ce qui demande parfois une phase de rééducation, surtout si l’on a l’habitude de respirer par la bouche. Cette posture peut être adoptée à tout moment de la journée, notamment au repos – devant un écran, en marchant ou en lisant – et même lors de la déglutition.

• La deuxième étape, surnommée par certains "tongue-chewing", consiste à accentuer le renforcement musculaire en simulant une mastication. Il s’agit de presser la langue contre le palais, un mouvement qui renforcerait les muscles de la langue.

Bien que ces gestes puissent paraître anodins, leur répétition au fil des semaines, voire des mois, constituerait, selon les partisans du mewing, un levier pour agir subtilement sur la structure du visage.

Si le mewing séduit autant, c’est parce qu’il promet une transformation visible et naturelle du bas du visage, sans chirurgie ni injection.

En gardant la langue collée contre le palais de façon prolongée, la mâchoire inférieure serait amenée à se contracter davantage. Avec le temps, cette sollicitation musculaire contribuerait à tonifier les muscles mandibulaires, à redessiner l’ovale du visage et à atténuer l’apparence du double menton. Certaines personnes rapportent également des effets plus globaux sur l’esthétique faciale. En maintenant la langue contre le palais, la mâchoire supérieure se projette légèrement vers l’avant. Ce mouvement aurait pour effet de réduire l’aspect des rides naso-labiales, de tendre les tissus péri-buccaux et même de donner un aspect plus pulpeux à la lèvre supérieure, des promesses qui ont de quoi séduire.

D'après le Dr MEW, le mewing pourrait aussi améliorer la respiration nasale, faciliter la déglutition ou encore corriger des troubles orthophoniques. Il est même parfois présenté comme une solution potentielle à l’apnée du sommeil ou à certaines sinusites chroniques, en favorisant une meilleure posture de la langue et du port de tête.

Mewing : combien de temps pour voir les résultats ?

La plupart des personnes pratiquant le mewing recommandent de le réaliser de manière régulière et assidue, idéalement plusieurs heures par jour, sur plusieurs mois, pour espérer observer des changements. Selon les témoignages, les premiers résultats visibles pourraient apparaître après trois à six mois de pratique continue. Quand on est adepte du mewing, il faudrait donc faire preuve de patience et de persévérance, sans attendre de transformation rapide ou spectaculaire.

Les effets du mewing sont-ils réellement démontrés ?

C’est là que le débat commence. Si les réseaux sociaux regorgent de photos "avant/après" et de témoignages enthousiastes, la littérature scientifique, elle, reste prudente. À ce jour, aucune étude rigoureuse n’a confirmé l’efficacité du mewing pour raffermir le visage ou réduire le double menton. Ainsi, malgré ce qui est parfois affirmé, cette méthode ne peut pas être considérée comme une alternative à la chirurgie.

Si le mewing séduit par ses promesses esthétiques, cette technique n’est pas sans risques. Selon plusieurs experts, elle pourrait s’avérer problématique parce qu’elle oblige à maintenir une position inhabituelle de la langue et de la mâchoire pendant de longues heures, ce qui peut entraîner des tensions musculaires. Certains orthodontistes mettent également en garde contre des perturbations possibles du fonctionnement naturel de la mâchoire et de la déglutition.

Par ailleurs, le Dr. Mike MEW, figure centrale de cette méthode, a été exclu de la Société Britannique d'Orthodontie pour faute professionnelle, après avoir prescrit des traitements qui auraient causé des préjudices à plusieurs enfants. Ce contexte alimente les critiques autour du mewing et invite à la prudence.

Un cas clinique rare mais révélateur illustre également les potentiels effets indésirables du mewing. Un adolescent pratiquant intensément cette méthode a développé une tuméfaction indolore sous le menton, diagnostiquée comme un kyste lié à une dysfonction des glandes salivaires, possiblement aggravée par la pression exercée lors des exercices. L’association entre le développement du kyste et le mewing reste débattue, mais semble possible en raison de l’augmentation de la pression intraglandulaire lors de l’exécution de l’exercice.

Si vous souhaitez modifier la forme de votre visage ou réduire votre double menton, nous vous recommandons de demander conseil à votre dentiste ou à un professionnel de santé avant de pratiquer le mewing.

• FRIEDLANDER A. H. & al. Mewing: social media's alternative to orthognathic surgery? Journal of Oral and Maxillofacial Surgery (2019).

• Thèse de Jamie COCKBURN. Portrait of an insecure young man: An exploration of the online propagation of mewing (2023).

• STÖVER T. & al. Mewing as a possible cause of salivary gland cysts. Laryngo-Rhino-Otologie (2023).